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Retranscription des échanges avec Nils Melzer à l’Espace Saint-Michel

Retranscription des échanges avec Nils Melzer à l’Espace Saint-Michel

Question : je rappelle que vous êtes rapporteur spécial de l’ONU sur la torture.
Vous êtes également professeur de droit international à l’université de Glasgow.
Comment avez-vous été amené à vous intéresser au cas de Julian Assange ?

Les avocats de Julian Assange m’ont contacté en décembre 2018. Il était encore à l’ambassade équatorienne à Londres. Ils m’ont demandé d’intervenir parce que les conditions de vie de Julian Assange à L’ambassade relevaient du mauvais traitement. Je me souviens encore quand j’ai reçu leur message. Je l’ai presque instantanément rejeté.

C’était une réaction presque émotionnelle. Je ne connaissais pas bien le cas évidemment. Comme tout le monde je connaissais les publications de wikileaks et l’image que j’en avais étais celle d’un hacker, d’un violeur et d’un traître comme on nous le présentait à l’époque. Je pensais qu’il voulait manipuler mon mandat et j’ai ignoré sa demande.

 Par ailleurs, il faut aussi savoir que je reçois dix à quinze demandes d’interventions par jour et je dois en sélectionner une…Mais là vraiment, mon refus était dicté par l’émotion liée à ce qu’on racontait sur lui.

Trois mois plus tard, en mars 2019, alors qu’ il était encore à l’ambassade, ses avocats m’ont relancé mais avec des preuves et des expertises médicales cette fois-ci, dont celle d’un médecin américain indépendant qui avait été l’une des premières à visiter Guantánamo et qui était très respectée.

Elle avait visité Assange à l’ambassade équatorienne et en avait conclu que ses conditions de vie là-bas violaient la convention contre la torture. Quand j’ai lu ça, je me suis dit que je me devais professionnellement et moralement d’aller voir ce qui se passait d’un peu plus près.

Mais c’était un cas tellement politisé qu’il était difficile de savoir à quel point les sources étaient fiables et sur quelles informations se baser. Je suis donc allé moi-même ainsi que 2 médecins spécialisés, un psychiatre et un médecin légiste dans l’examen des victimes de torture à la prison de Belmarsh où il avait été transféré le 9 mai 2019 juste un peu près un mois après son arrestation de 11 avril 2019.

Pendant quatre heures les deux médecins ont fait des examens séparés l’un de l’autre et ils sont arrivés à la conclusion qu’il montrait tous les symptômes typiques d’une victime de torture psychologique. Et pour moi aussi ( je visite des prisonniers de guerre depuis 20 ans avec l’ONU et la Croix-Rouge Internationale …) c’était clair. Quand j’ai vu ça, il était évident qu’il fallait agir.

Nous sommes plus de deux ans plus tard, vous ne manquez pas de faire des interventions, vous avez écrit un livre en allemand, en suédois, en français et bientôt traduit en français, avez vous l’impression qu’il y a une une amélioration depuis deux ans dans la prise de conscience de chacun, dans les chancelleries, les gouvernements…Y-a-il une évolution significative ?

Du coté des gouvernements, non. Ça a même empiré. Normalement dans des cas comme ça, je fais une lettre officielle au gouvernement avec mes observations et mes recommandations. et les mesures à prendre pour assurer le respect du droit international et dans ce cas surtout l’interdiction des tortures et des mauvais traitements. Mais quand j’ai fait cette enquête j’ai rapidement réalisé qu’il y avait plusieurs États qui avaient contribué à ces symptômes et aux mauvais traitements, notamment l’Équateur qui a créé des conditions très très dures pour le forcer à sortir. Et derrière tout ça, les États-Unis bien évidement…Les Britanniques et des Suédois qui coopéraient aussi très étroitement pour mettre la pression sur Julian Assange et s’assurer qu’il soit perçu par le public comme un violeur, un hacker…

Je pense que ça continue. Il faut quand même rappeler que ne suis pas un représentant d’ONG, un journaliste ou un activiste…Je suis nommé par les États eux-mêmes pour faire ce que je fais ! On pourrait s’attendre surtout de la part des Etats comme la Suède et l’Angleterre qui se veulent exemplaires en ce qui concerne le respect des droits humains. J’ai été assez choqué de voir qu’ils refusaient d’intervenir.

les États-Unis essayent avec les autres États de faire un exemple de
monsieur Assange pour intimider les journalistes

J’ai donc renouvelé mes demandes… j’ai écrit des lettres avec des questions encore plus précises et là ils ont tout simplement arrêté le dialogue. Les Suédois par exemple, m’ont dit : « No further comment »…Ils ne voulaient plus parler avec moi de cette affaire…Ça, c’était assez choquant. J’ai essayé d’avertir l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York j’ai essayé d’alerter le Conseil des droits de l’homme à Genève… Dans les 2 cas les États n’ont pas réagi…C’était comme un mur de silence.

Là, je me suis rendu compte qu’il y avait une autre histoire derrière, qui était politique. C’était comme s’il y avait un dysfonctionnement systémique où les mécanismes créés par les Etats eux-mêmes pour assurer le respect des droits humains ne fonctionne plus, sont presque complètement neutralisés…Et ça, je trouve que c’est très grave !

Car ça ne concerne pas seulement monsieur Assange, sa famille et ses amis …Au delà d’un cas individuel, c’est un problème systémique dans les mécanismes des droits de l’homme mais aussi une menace contre la liberté de la presse, notre droit à savoir ce que font les gouvernements avec les fonds, avec les impôts qu’on leur paye, avec le pouvoir qu’on leur délivre dans une démocratie. Là on a quand même vu que les États-Unis essayent avec les autres États de faire un exemple de monsieur Assange pour intimider les journalistes.

Et ça je trouvais que c’était assez important pour écrire un livre et informer le public, le mobiliser et qu’il prenne le contrôle de cette affaire parce qu’autrement on risque de perdre beaucoup…

Vous revenez de Suède où vous avez fait des interventions au sujet de la sortie de votre livre, est-ce que vous pouvez nous dire comment vous avez reçu là bas ? Est-ce que vous avez reçu des sollicitations médiatiques ?

 Je viens passer une semaine en Suède effectivement. Il y avait des journalistes très conscients du risque que représente ce cas là pour la liberté de la presse donc pour leur propre profession. J’ai même été interviewé pendant 20 mns par la grande chaîne de télévision privée, TV4. L’interview était très très bien et elle devrait être sur You Tube très bientôt. Je l’ai fait en anglais pour le bénéfice de tout le monde même si je parle suédois. C’est une de mes nationalités. Ça a facilité mon enquête.

Les autorités elles-mêmes ont refusé de me recevoir, sans doute pour éviter ou empêcher une enquête plus approfondie sur leur rôle dans les persécutions dont est victime Julien Assange.

Je dois quand même dire que bien que j’ai eu pas mal d’interviews, d’entretiens avec les journalistes et que les critiques sur mon livres étaient extrêmement bonnes (pas seulement dans des niches mais aussi dans des journaux connus)…Les autorités elles-mêmes ont refusé de me recevoir, sans doute pour éviter ou empêcher une enquête plus approfondie sur leur rôle dans les persécutions dont est victime Julien Assange.

Le public commence à prendre conscience de ce qui s’est vraiment passé… Parce qu’il était un peu aveuglé par les allégations de viol…Maintenant avec livre, c’est beaucoup plus facile pour eux de réaliser quelle est l’histoire réelle derrière tout ça et comment ces allégations ont été instrumentalisées pour la persécution. Je pense qu’il faut leur donner quelques mois maintenant de digérer ce livre mais on voit dans la partie alémanique (Allemagne, Autriche et Suisse) où le livre est sorti en avril, on voit déjà qu’il y a quand même un changement d’opinion.

Donc j’espère qu’on aura le même effet, pas seulement grâce à mon livre...Mais mon livre peut certainement aider avec la version suédoise, anglaise et j’espère bientôt aussi une version française…

C’est une coïncidence étrange, l’un des conseillers juridique de Julian Assange et de Wikileaks, l’avocat Juan Branco est également accusé de viol. Est-ce que vous pensez comme Julian Assange l’avait dit dans le film, que ces procédures pour viol sont une façon de punir ceux qui résistent contre un système qui essaye de broyer tous ceux qui veulent rester libre ?

Je ne vais pas m’exprimer sur le bien-fondé de ces accusations mais c’est clair que les allégations de viol ou délits sexuels, c’est toujours très efficace pour pour éloigner ou isoler des personnes de leur entourage. Ce sont des procédures qui peuvent durer très longtemps, donc ça assure que pendant cette période, la crédibilité des accusés est mise à mal. Maintenant, évidemment il est important qu’on fasse des enquêtes si effectivement il y a des allégations. Il ne faut pas prendre ce genre d’accusation à la légère et il faut bien sûr enquêter parce que si on parle de la violence contre les femmes je pense qu’il faut souligner l’importance de conduire ce genre de procédure quand c’est une accusation sérieuse.

C’est effectivement une accusation sérieuse et là je veux aussi peut être préciser que dans le cas de Julian Assange et l’accusation suédoise pour viol, il faut éviter de voir le problème dans cette seule alternative : soit les 2 femmes ont menti, soit Julian Assange a effectivement violé ces femmes. Ce n’est pas du tout ça. Les 2 femmes et Julian Assange ont été exploités pour créer ce narratif d’allégation de viol. Les 2 femmes n’ont pas de leur propre volonté accusé Assange de viol. C’était vraiment quelque chose qui a été crée et forcé par les autorités. Et ces femmes, comme vous le savez probablement déjà, le seul elles comme vous savez déjà le seul souhait qu’elles avaient c’était que J.Assange fasse un test HIV. Pour elles, c’était une expérience assez difficile avec lui émotionnellement.

J.Assange a été diagnostiqué Asperger

 Ce qu’on ne savait pas à l’époque, et les avocats l’ont utilisé comme preuve de son état médical devant la cour, c’est que J.Assange a été diagnostiqué Asperger, qui est une forme légère d’autisme. Quand je l’ai rencontré son comportement était assez typique de ce genre de cas. Si je ne verbalisais pas ce que je voulais, il ne sentait pas ce que j’avais en tête…Quand je lui posais des questions, lors de mon entretien avec lui, il commençait à changer de sujet parce qu’il était trop préoccupé par ses propres idées. C’est quelqu’un de très intelligent mais il est un peu enfermé dans ses pensées et donc il ne sent pas tout de suite ce que son interlocuteur veut de lui.

Je souligne ça parce que si on pense à ces deux suédoises qui admiraient Assange et qui cherchaient une aventure avec lui…Mais qui ne le connaissaient pas du tout… C’était une aventure d’un soir. Déjà à la base dans ce genre de situation, il y a toujours un potentiel de malentendus dans la communication, et si on rajoute à ça le fait que J.Assange était Asperger...Avec des inhibitions… Et l’incapacité de comprendre l’autre instinctivement, s’il ne verbalise pas ce qu’il veut. Ce qu’on voit dans le protocole des entretiens des 2 femmes avec la police, c’est qu’il y avait un manque de communication pendant les 2 incidents, et pas mal de malentendus. Ce que je veux dire de tout ça, c’est que je crois honnêtement que ces 2 femmes ont vécu une mauvaise expérience avec J.Assange mais je ne suis pas du tout convaincu que ce dernier avait des intentions criminelles envers elles. C’était une expérience difficile liée d’une part à la situation et d’autre part à la maladie de J.Assange. Ces 2 femmes se sont tournées vers la police mais comme on le voit très bien dans les procès-verbaux, elles voulaient juste se renseigner et demander qu’il fasse un test HIV. C’est la police qui a forcé le narratif de viol comme on le voit très clairement dans les dépositions des 2 femmes qui n’ont pu le corriger à aucun moment. Comme ila été impossible pendant des années, pour J.Assange, de donner sa version des faits.

Depuis la décision du juge anglais de non-extradition, quelles sont les conditions de détention de J.Assange aujourd’hui ? Est-il toujours en cellule d’isolement ? Comment cela évolue t-il pour lui ?

Malgré la décision de non-extradition en janvier dernier, on l’a quand même gardé en détention à Belmarsh. D’après ce que je sais, il n’est pas en en isolement strict mais il est dans la section B… c’est vraiment très haute sécurité…Ensuite il y a B,C et D…Il est seul dans une cellule et depuis la fin de la crise sanitaire, il a eu de nouveau contacts avec les autres détenus et a pu avoir ses proches au téléphone. Ceci étant, il faut rappeler qu’en principe c’est un homme libre. Il n’a pas à purger de peine. En principe, il doit juste rester à la disposition des autorités si jamais il était extradé vers les Etats-Unis. Il est libre de travailler, de vivre sa vie de famille…Et juridiquement, les britanniques n’ont pas le droit de le garder dans une prison de haute sécurité parce qu’il n’est pas dangereux. Pour moi, la procédure américaine est illégale. Elle n’est pas soutenable juridiquement.

Quand bien même la procédure serait légitime, on ne peut pas détenir J.Assange à Belmarsh. Parce que ce n’est pas nécessaire. A la limite, vu sa demande d’asile à l’ambassade équatorienne, je comprends que les britanniques ne puissent le libérer sans conditions mais on pourrait le garder en résidence surveillée. C’est ce qui s’est passé avec Augusto Pinochet, l’ancien dictateur chilien. Il était aussi en détention-extradition en Angleterre pendant 18 mois.

Les britanniques n’ont pas le droit de le garder
dans une prison de haute sécurité parce qu’il n’est pas dangereux

 La suisse, la Belgique et la France si je m’en souviens bien, voulaient l’extrader pour des crimes contre l’humanité, donc des crimes très très graves. Même pour ça, ils n’ont pas vu l’utilité de le détenir à Belmarsh. Ils l’ont gardé en détention dans une luxueuse villa et il avait gardé toutes ses libertés autrement. On pourrait et on devrait faire la même pour Julian Assange. Juridiquement, ils ne donnent aucune raison pour le détenir. Elle est uniquement politique. Ils veulent le réduire au silence et je crains aussi qu’ils veulent créer un précédent pour montrer au tribunal que les conditions de détention aux Etats-Unis, si les américains donnent des garanties qu’ils ne vont pas le traiter de manière pire que les britanniques, on a les preuves que J. Assange ne va se suicider vu qu’il a déjà passé 2 ans dans une prison de haute sécurité. Il y a vraiment quelque chose de très malhonnête dans la façon dont il est détenu aujourd’hui.

La décison des Britanniques de ne pas extrader Julian Assange
représente un danger selon moi

 Peut-être avez-vous remarqué que pour la procédure d’appel qui avait lieu en octobre, il y avait 2 juges. L’une des juges a été remplacée 10 jours avant le début de l’audience par Le Lord Chief Justice Ian Burnett. Certains pensent que c’est une bonne chose. Moi je pense que c’est un danger.

Quand on voit le système judiciaire anglais où les « leading cases » (jurisprudence) domine cela voudrait dire que si on avait des juges juniors, moins expérimentés que le Lord Chief Justice, on devrait suivre cette jurisprudence. Mais si on veut changer cette décision de jurisprudence, il faut mettre en charge un juge qui a l’autorité pour le faire parce que le précédent a été crée par le juge le plus haut placé en Angleterre. Si on le remet en charge de la procédure contre J. Assange, pour moi c’est plutôt une indication que les anglais aimeraient changer ce précédent et ne pas appliquer la décision de non-extradition appliquée dans le cas de l’acteur qui a fait jurisprudence. Les américains savent très bien ce qu’ils font et pour moi ce n’est pas un bon signe…

Tout à l’heure vous avez évoqué le rôle des médias dans votre propre prise de conscience. Récemment une fondation suédoise a sorti un rapport qui analyse la manipulation médiatique. Et une des conclusions de ce rapport était que les médias ne sont plus indépendants mais au service des intérêts de complexes politico-militaire…

Oui, vous avez raison c’est un gros problème. Cela touche les médias mais au-delà, ce sont les institutions démocratiques mêmes qui sont concernées. En occident, les parlementaires sont élus par le peuple mais après, dans la plupart des pays ils ont la permission de recevoir de l’argent des lobbies industriels, des grandes entreprises…Des industries qui bien souvent ont de nombreux employés qui les soutiennent …En fait, on voit que très souvent le travail du parlement est influencé sinon dominé par des intérêts particuliers. Les mêmes gens contrôlent les industries et une partie du parlement, ce même parlement qui va ensuite élire les juges, les ministres …Selon le système national, bien sûr. Ces mêmes gens qui ont déjà énormément d’influence sur les trois puissances du gouvernement sont bien souvent propriétaires des médias. Soit ce sont des propriétaires directs, soit ils sont dépendants d’eux pour leur revenus publicitaires…

Les acteurs comme Wikileaks viennent remplir le vide laissé
par les media traditionnels qui ne jouent pas leur rôle de 4e pouvoir…

On voit donc que les grands médias ne peuvent plus être indépendants en raison de l’organisation du système économique, politique et le système de gouvernance. Ça va produire des médias qui vont se taire quand les grands intérêts politiques et économiques sont remis en question. Et c’est exactement pour ça qu’on avait besoin d’un media comme Wikileaks qui ne représentent pas d’intérêts économiques mais dont le rôle politique est d’informer le citoyen et de lui donner les moyens de contrôler les gouvernements. Les acteurs comme Wikileaks viennent remplir le vide laissé par les media traditionnels qui ne jouent pas leur rôle de 4e pouvoir…Qui est d’informer le public sur la façon dont le gouvernement mène ses affaires et exposer les problèmes pour que les citoyens puissent utiliser les rouages démocratiques pour corriger ces problèmes…

C’est pour ça aussi que j’ai écrit un livre ! Car le cas de J.Assange ne concerne pas que lui en tant qu’individu mais révèle le dysfonctionnement de tout le système démocratique et donne une perspective sur comment sont gérées les affaires, en réalité, derrière les coulisses.

Il y a un aspect de la procédure juridique contre Julian Assange qui me choque…C’est son état de santé certes…Mais y compris lorsqu’il comparait devant les juges. Lors d’une audience technique il avait eu du mal à prononcer son nom et sa date de naissance et lors de l’audience d’appel, il n’a pas pas pu assister personnellement au procès et Il n’a été vu qu’une petite heure, je crois, par vidéo dans un état « medicated », apparemment drogué.

Je me pose la question, Comment un juge ? Un pourquoi pas mais plusieurs maintenant, ne réagissent pas devant un accusé qui leur est amené manifestement dans un sale état ? La chaîne de complaisance de tout l’appareil est effarante…Je peux admettre qu’on trouve un juge avec des idées bien arrêtées mais une telle chaîne de complicité, parce qu’il en faut une pour ce mécanisme se mette en route. Jusqu’au directeur de la prison qui refuse les visites aux député anglais en passant par Vanessa Baraister, Emma Arbuthnot, et maintenant les 3 juges qui n’ont pas réagit quand ils ont vu un homme manifestement à bout…Qui n’a pas été jugé, qui n’a pas été puni …Je suis effaré de cette connivence …

 Je partage complètement votre avis … C’est choquant pour moi comme professeur d’université britannique… Quand même ! La grande Bretagne c’est un peu le pays du « Rule of Law »…C’est vraiment choquant de voir ce qui est en train de se passer. C’est tellement évident…Les juges, le système même…n’essayent même pas de prétendre que c’est une procédure correcte…J’ai l’impression que c’est un « show trial », un essai de démontrer au public ceci: si vous exposez nos secrets, « sales », voilà ce qui va se passer. On va vous maltraiter, on va violer vos droits. En pleine lumière. Et personne ne va vous protéger. C’est une démonstration de domination. Ils n’essayent même plus de se cacher dans cette affaire…

Votre discours est assez pessimiste et inquiétant. Ce que vous venez dire sur le juge qui a été nommé dix jours avant l’audience est assez alarmant. Avez-vous un peu d’espoir pour la libération de Julian Assange et si oui d’où pourrait-il venir ?

 Je pense que si on les laisse faire, non. Les américains, les anglais, les suédois n’ont pas investi des dizaines de millions pour la persécution d’Assange et l’intimidation de journalistes dans le monde entier pour maintenant le relâcher juste à cause de certaines questions médicales ou juridiques.

Mais il y quand même un obstacle qu’il sera très difficile pour les anglais et les américains d’éviter…C’est la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg...Ce qui est extrêmement important, ce sont les questions qui vont être posées à la Cour. Pour le moment, c’était très « malin « de la part des anglais de refuser l’extradition de Julian Assange, pour raisons médicales en première instance. En effet, les américains savent que la procédure va durer longtemps. Ils n’ignoraient pas que s’ils avaient gagné en première instance et obtenu l’extradition de Julian Assange, celui-ci aurait fait appel et ce sont ses avocats qui auraient décidé du motif de l’appel. Ils ont anticipé cela.

La question principale n’est pas de savoir si sa santé est assez bonne
pour supporter la torture aux États-Unis.
Les bonnes questions sont pourquoi est-il en prison ?
Pourquoi les crimes de guerre des américains ne sont pas poursuivis ?

Pour bien comprendre, aujourd’hui, on discute uniquement de l’état de santé de Julien Assange et de ses conditions de détention aux États-Unis. C’est important certes, mais la question n’est pas là. La question importante est : Pourquoi cette homme est en prison ? Il n’a rien fait fait à part son travail de journaliste. La question principale n’est pas de savoir si sa santé est assez bonne pour supporter la torture aux États-Unis. Les bonnes questions sont pourquoi est-il en prison ? Pourquoi les crimes de guerre des américains ne sont pas poursuivis ? Mais comme ce sont les américains qui font appel, seules les questions concernant l’état de santé de J.Assange et ses conditions de détention aux États-Unis seront portées devant la Cour à Strasbourg. Et donc comme les américains vont donner des garanties sur ces questions, la Cour ne pourra refuser l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis.

Ce qui va être vraiment important, ce sera que les avocats de J.Assange fassent un « cross_appeal », un contre-appel. Ils ont essayé de la faire mais la Cour leur a demandé d’attendre. Si les américains obtiennent l’extradition, ils pourront faire un contre-appel. C’est à ce moment-là seulement qu’ils pourront porter les vraies questions qui ont été éludées par les juges britanniques devant la Cour, à Strasbourg. Violation des droits de l’Homme, liberté de la presse, délits d’initiés, espionnage…Des question qui ont été mises de côté jusqu’à aujourd’hui et qui si elles sont portées devant La Cour ne laissera pas d’autre choix que de juger la procédure contre J.Assange illégitime et de refuser son extradition.

Je vois ça comme la seule possibilité juridique d’échapper à l’extradition. Maintenant, j’espère que j’ai tort et qu’il y a des juges en Angleterre qui savent encore ce que ça veut dire d’être juge, c’est-à-dire indépendant du gouvernement et respectueux de la Loi et des droits de l’Homme. Mais vu ce qui se passe depuis 10 ans, je suis très pessimiste.

Est-ce qu’il y aurait la possibilité qu’un groupe de citoyens puisse porter plainte contre les pays impliqués dans cette procédure jugée illégale ?

Parlant de la Suède dont la procédure a été « clé » pour produire la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui, on a suffisamment de preuves contre certains représentants de la police, de la justice, peut-être même du gouvernement pour justifier une enquête officielle contre les autorités…Et donc si un groupe de citoyens demandaient une enquête parlementaire avec des résultats publics pour démontrer les détails des abus qui ont eu lieu en Suède mais aussi leur coopération avec les anglais et les américains. Parce que toute la correspondance existe mais elle est gardée secrète. Mais si un groupe de citoyens demandaient d’y avoir avoir accès, ce serait tout à fait possible. Les groupes de soutien peuvent agir au mieux dans leur propre pays.

Justement, si des groupes de soutien le faisaient en Suède et en Angleterre, ça pourrait être une bonne base… Il y a des journalistes comme Stefania Maurizi de Freedom of investigation, par exemple, mais c’est juste que les États font traîner les procédures pendant des années et malheureusement on n’a pas assez de temps avec Mr Assange …Il ne va pas survivre à une telle situation pendant plusieurs années…Il faut quand même essayer de créer une pression médiatique. Le public doit demander aux médias de se confronter aux gouvernements.

Par exemple, si la BBC, le New-York Times et le Washington Post soumettaient leurs gouvernements à une confrontation et leur posaient de vraies questions avec des titres forts, et sans se contenter de platitudes pour alerter le public, on pourrait obtenir quelque chose. On pourrait obtenir un changement de politique mais aujourd’hui il n’y a aucune pression sur les gouvernants. Les activistes sont là bien sûr mais ça ne suffit pas pour créer la pression chez les gouvernants. Depuis que la procédure a commencé, il y a eu des petits soulagements

Julian Assange est très malade, est-ce qu’il correctement soigné ? Si on va plus loin, est-ce que la mort d’un prisonnier dans sa cellule, et je ne parle pas de suicide, d’affaiblissement total ne serait pas un honte politique et morale pour les démocraties ? Est-ce que Julian Assange reçoit ses lettres ou est-ce qu’elles sont bloquées ?

 Je lui ai rendu visite il y a deux ans et j’ai des sources d’information qui sont très fiables sur l’évolution de son état de santé. Il montrait des symptômes de tortures psychologiques sur du long terme quand je lui ai rendu visite à Belmarsh. Évidemment ce n’était pas causé par ses 4 semaines à Belmarsh mais par ses conditions de détention et les harcèlements dont il avait été victime à l’ambassade équatorienne. Les médecins qui étaient avec moi étaient très soucieux. Ils m’ont dit que si on ne stabilisait pas très vite allait entrer dans une phase d’évolution incontrôlable qui n’excluait pas sa mort, dans le cas extrême : une crise cardiaque, une crise nerveuse très grave ou le collapse psychologique complet qui le mènerait à se suicider.

Effectivement, le 18 mai, 9 jours après notre visite il n’était déjà plus capable de participer à une audience de la Cour encore présidée par la juge Arbuthnot dont le mari a été mis en cause par Wikileaks (il y avait clairement conflit d’intérêt). Il a été transféré dans la section médicale de la prison où il est resté en isolement très strict jusqu’en Janvier 2020. Donc plus de 6 mois.

En février 2020 quand la procédure a commencé, il a été transféré à la prison générale avec autres prisonniers. Il y a donc eu de petits soulagements. Mais il y a eu la crise sanitaire et à nouveau il a été en isolement très strict pendant une année. C’est clair que sa santé a souffert. On l’a vu, il n’a pas été capable de participer à son audience d’appel en Octobre dernier.

C’est grotesque de voir un Tribunal d’Appel discuter sur le fait
qu’il soit suffisamment fort pour être extradé vers les États-Unis
pour faire face à une procédure arbitraire (…)

Donc, c’est grotesque de voir un Tribunal d’Appel discuter sur le fait qu’il soit suffisamment fort pour être extradé vers les États-Unis pour faire face à une procédure arbitraire, devant une cour d’espionnage, secrète où il n’a même pas accès aux preuves qui sont utilisées contre lui, où il va être soumis à des conditions de détention que pas seulement moi, mais aussi mes prédécesseurs et les grandes ONG des Droits de l’Homme estiment être une violation de la Convention contre la torture. C’est grotesque de voir ce discours-là et de voir en même temps que la personne par cette procédure n’est même pas capable sur le plan médical, de suivre ces discussions…

C’est absurde. Et c’est tout simplement comme je l’ai dit, une démonstration de pouvoir, de puissance pour intimider. Je sais qu’il y a des journalistes dans la salle. Si je vous donnais maintenant une clé USB avec la vidéo Collateral Murder no2 et avec disons 200000 « diplomatic cables », dépêches diplomatiques secrètes des américains, est-ce que vous allez les publier ? Non. Parce que vous voyez ce qui se passe avec Julian Assange. Cela illustre bien ce qui s’est passé pendant ces 10 ans. Il y a 10 ans, le New-York Times, Le Monde, El pais…Tous les journaux auraient publié ça. Aujourd’hui, ils ne le feraient plus. Parce qu’ils ont peur. C’est effectivement très alarmant.

Par rapport à la deuxième question sur le fait qu’il reçoive ou pas son courrier, je suis l’un des seuls à avoir pu lui rendre visite dans sa cellule à l’époque, c’était le numéro 37 à l’époque, mais ça a changé parce qu’il est passé par la Division médicale entre-temps. Quand je suis allé le voir, il y avait plein de lettres. je ne peux pas vous assurer que toutes les lettres étaient transmises mais je suis sur que tout est lu, censuré. Je sais aussi qu’il les reçoit dans des délais très longs…Jusqu’à deux mois ou plus…Et cela sans aucune justification. Il ne peut pas recevoir certains documents très importants comme les documents juridiques mais j’ai vu des lettres de soutien, de sa famille…

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les Mutins de Pangée qui a beaucoup soutenu et milité pour la libération de Julian Assange revient sur les circonstances de « l’Affaire Assange ». Comment le fondateur de Wikileaks, d’abord considéré comme un héros dans toute la presse internationale, s’est retrouvé marginalisé et accusé d’espionnage ?  14 années d’emprisonnement pour avoir voulu informer l’opinion publique sur les pratiques, du gouvernement américain notamment, à travers le monde.

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Julian Assange enfin libre !

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La justice américaine arrête ses poursuites contre Julian Assange

C’est la résolution surprise d’un dossier vieux de plus de douze ans. Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, est désormais libre après avoir plaidé coupable devant un tribunal américain à Saipan (îles Mariannes), mercredi 26 juin, pour la sollicitation et la diffusion de documents classifiés.

Condamné à soixante-deux mois de prison, qu’il a en réalité déjà purgés, il a pu ressortir du tribunal, choisi pour sa proximité relative avec l’Australie natale du lanceur d’alerte.

A 52 ans et après plusieurs années de fuite, de réclusion dans une ambassade équatorienne puis d’incarcération dans une prison britannique, Julian Assange ne fait plus l’objet de poursuites judiciaires. L’autre dossier le concernant, une procédure pour viol qui avait été ouverte en Suède, a été close en 2019.

Les soutiens du fondateur de WikiLeaks se réjouissent, à juste titre, de le voir aujourd’hui en liberté.

La peine prononcée est en effet largement en deçà de ce que l’Australien pouvait théoriquement encourir (cent soixante-quinze ans d’emprisonnement), et ce alors que la diffusion par WikiLeaks, en 2009 et 2010, de dizaines de milliers de documents classifiés relatifs à la diplomatie américaine et aux guerres en Irak et en Afghanistan avait fortement irrité les autorités.

 Lire la suite de l’article sur le site du Monde

 

 

Ultime appel au Royaume -Uni : décision le 5 mars 2024

Ultime appel au Royaume -Uni : décision le 5 mars 2024

Manifestation de soutien a Julian Assange à Londres

 

La Haute Cour britannique n’a pas rendu sa décision à l’issue des deux jours d’audience qui ont eu lieu cette semaine (20-21 février). C’est courant mars au plus tôt que Julian Assange saura s’il peut présenter son ultime appel au Royaume-Uni pour empêcher l’extradition vers les États-Unis. Le fondateur de WikiLeaks n’a pas pu assister à l’audience à cause de son mauvais état de santé.
 
L’équipe de défense du journaliste australien a interprété comme un signe favorable que les deux juges de la Haute Cour se soient montrés réellement attentifs, posant des questions pertinentes, ce qui tranchait avec le comportement entre le dédain et l’ennui observé jusque-là de la part des juges britanniques qui ont eu à se prononcer sur le dossier.
 
Rappelons que si cet ultime appel était écarté, l’extradition pourrait intervenir très rapidement, dans les 48 heures selon Stella Assange. Les avocats présenteraient alors un recours de la dernière chance auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Au sujet de l’urgence et de l’attitude du Royaume-Uni à l’égard de cette démarche (surseoira-t-il à l’extradition ?), il est utile de prendre connaissance des propos récents de l’avocat belge Christophe Marchand, chargé de la coordination judiciaire de Julian Assange pour la CEDH« D’où notre préparation à déposer immédiatement un recours auprès de la Cedh. Selon l’article 39, la Cour peut indiquer des mesures provisoires à tout État, le temps de l’instruction de la procédure, et son jugement, qui pourrait durer dix-huit mois. Cette mesure est suspensive. La Grande-Bretagne a jusqu’à présent respecté ses mesures provisoires » (L’Humanité, 20 février 2024).
 
L’inconnue est ici : le Royaume-Uni respectera-t-il la CEDH dans ce dossier hors du commun dans lequel les droits de Julian Assange ont été piétinés de façon systématique depuis quatorze ans, toujours dans le sens de la volonté de Washington ?
Source : Le comité de Soutien à Julian Assange en France

Soutenez Julian Assange en lui écrivant

Soutenez Julian Assange en lui écrivant

Manifestation de soutien à Julian Assange à Londres

Aidez Julian Assange à faire entendre ses mots hors de la prison de Belmarsh en incluant dans votre courrier, du papier vierge avec une enveloppe pré-affranchie avec votre adresse de retour.

Pour écrire à Julian Assange, il vous suffit d’envoyer un courrier à l’adresse suivante :

Mr Julian Assange
Prisoner #: A9379AY
HMP Belmarsh
Western Way
London SE28 OEB
UK 

  • Vous pouvez y rajouter sa date de naissance si vous désirez : 03/07/1971
  • Ne pas oublier d’indiquer vos noms, prénoms et adresse, sinon la lettre ne sera pas livrée !
    Inclure une feuille de papier vierge avec une enveloppe pré-adressée avec laquelle Julian pourra vous répondre.  Elle doit être affranchie (timbres du Royaume-Uni uniquement) : 2 timbres de première classe du Royaume Uni pour le courrier international.
  • Toutes les lettres sont lues par Belmarsh et la sécurité. N’envoyez pas de lettres contenant des sujets sensibles.
  • Vous pouvez envoyer des lettres, des photos, des dessins. Rien d’autre.
  • Les cartes postales ne sont pas autorisées

Si vous vivez ailleurs qu’au Royaume-Uni, vous pouvez acheter des timbres anglais ici 

Vous pouvez également écrire à Julian en passant par le service
Email a prisoner.

  • Vous devez ouvrir un compte qui coûte 5£ ou environ 6$.
  • Chaque page A4 coûte environ 50p (environ 60 US cents) et est livrée à la prison où elle est imprimée et remise au prisonnier.
  • Il a la possibilité de répondre si vous ajoutez un petit supplément.
  • Vous pouvez envoyer jusqu’à 4 photos avec votre lettre.
  • Vous pouvez indiquer à Julian l’action que vous entreprenez, par exemple écrire à votre représentant politique ou à un journal, ou participer à une manifestation publique.
  • Faites attention à ce que vous écrivez, car toutes ses lettres sont lues.

Autre lien pour écrire à Julian Assange 

S’il vous plaît, écrivez une lettre à Julian, il apprécie vraiment que quelqu’un fasse quelque chose pour lui. Faites-lui savoir ce que vous faites pour l’aider, par exemple en écrivant à votre représentant politique, à votre journal local, à votre chaîne de télévision et de radio locale, en organisant des manifestations, etc. Il souffre de dépression et de toutes sortes de problèmes.

Pourquoi Assange est un héros ?

Pourquoi Assange est un héros ?

Pourquoi Julian Assange, le journaliste le plus primé de tous les temps est-il en train de mourir à petit feu, à Belmarsh, une prison haute sécurité, réservée normalement aux criminels ?

Pourquoi un homme qui n’a commis aucun acte répréhensible par la loi est-il torturé à ce point depuis plus de 12 ans ? Calomnié, privé de ses droits, isolé…alors qu’il vivait dans un pays « démocratique » comme le Royaume-Uni ?

Viktor Dedaj, à l’origine du comité de soutien Assange nous explique au micro de Sud Radio, ce que signifie la naissance de Wikileaks pour le maintien de nos droits fondamentaux et pourquoi Julian Assange est devenu l’homme à abattre…

Voir l’entretien en vidéo sur France Soir

Dernière plaidoirie au tribunal de Belmarsh en faveur de la libération de Julian Assange

Les moments forts du tribunal de Belmarsh qui s’est tenu en décembre 2023 à Washington (DC). A la veille de son extradition vers les Etats-Unis, des journalistes, des avocats, des activistes et d’autres témoins experts ont plaidé en faveur de la libération de Julian Assange de la prison où il se trouve injustement emprisonné.

Transcription

Amy Goodman : Le président Biden est soumis à des pressions constantes pour qu’il abandonne les poursuites contre Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks croupit depuis près de cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans la banlieue de Londres, durant l’appel concernant son extradition vers les États-Unis. S’il est extradé, jugé et condamné, Julian Assange risque jusqu’à 175 ans de prison pour avoir violé la loi américaine sur l’espionnage en publiant des documents qui révèlent les crimes de guerre commis par les États-Unis en Irak, en Afghanistan et au-delà.

Un groupe de journalistes, d’avocats et de défenseurs de la liberté de la presse s’est récemment réuni pour témoigner devant le tribunal Belmarsh au National Press Club de Washington. Inspiré par les tribunaux Russell-Sartre de la guerre du Viêtnam, le tribunal Belmarsh a rassemblé une série de témoins experts, des avocats constitutionnels aux journalistes en passant par les défenseurs des droits humains, pour présenter des preuves de l’attaque contre la liberté de la presse et le Premier amendement de la Constitution américaine. Le tribunal a été organisé par Progressive International et la Fondation Wau Holland. J’ai coprésidé le tribunal avec Ryan Grim de The Intercept. Aujourd’hui, nous vous proposons des extraits.

Amy Goodman : Depuis sa première séance, le Tribunal Belmarsh a réuni les plus grands journalistes, avocats et parlementaires du monde, du professeur Noam Chomsky, qui vient de fêter son 95e anniversaire, au président Luiz Lula da Silva, pour témoigner de la menace mondiale qui pèse sur la liberté de la presse. Aujourd’hui, le tribunal Belmarsh revient au Club national de la presse pour sa session la plus urgente, alors que l’affaire d’extradition de l’éditeur de WikiLeaks, Julian Assange, entre dans sa phase finale.

En 2010, WikiLeaks est venu dans cette même salle du National Press Club pour présenter une vidéo intitulée « Collateral Murder » (meurtre collatéral), fournissant des preuves de crimes de guerre américains qui allaient changer à jamais la trajectoire de la « guerre contre le terrorisme » et la répression de ses détracteurs par le gouvernement américain. Je me souviens de cette conférence de presse que Julian Assange a si bien tenue. Nous l’avons interviewé le lendemain suDemocracy Now ! alors qu’ils révélaient les images vidéo qu’ils avaient obtenues.

Il s’agit d’une séquence vidéo d’une attaque menée en juillet 2007 par une unité d’hélicoptères américains Apache, dans un quartier de Bagdad appelé New Baghdad. Il y avait plus d’une douzaine d’hommes au sol. Dans l’hélicoptère Apache, vous pouvez les entendre rire et jurer, parce que la vidéo n’est pas celle de militants pacifistes au sol, mais celle de l’intérieur de l’hélicoptère. Ils demandent l’autorisation d’ouvrir le feu sur ce groupe d’hommes. Ils l’obtiennent et les tuent presque tous. Deux d’entre eux travaillaient pour Reuters. Le jeune vidéaste Namir Noor-Eldeen avait 22 ans. Et le chauffeur de tant de reporters de Reuters en Irak, Saeed Chmagh, avait 40 ans. Il avait quatre enfants. Il n’est pas mort dans la première attaque, dans la première explosion. Mais alors qu’il s’éloignait en rampant, l’hélicoptère Apache a de nouveau ouvert le feu et l’a tué. Ils ont tué plus de 12 hommes ce jour-là. Reuters a demandé à plusieurs reprises la cassette vidéo pour voir ce qui était arrivé à leurs collègues. Ce n’est qu’après la publication de cette vidéo par Julian Assange et WikiLeaks qu’ils l’ont obtenue.

Lire la suite sur le site les crises.fr

 

 

Le père de Julian Assange parle du combat de son fils

Le père de Julian Assange parle du combat de son fils

John shipton vient nous rappeler la situation de son fils Julian Assange  emprisonné injustement depuis plus 10 ans, au micro de Sud Radio.

Malade et victime de restrictions très sévères, Julian Assange se bat pour sa liberté depuis de nombreuses années. Il est emprisonné à la prison de Belmarsh comme le serait un dangereux criminel alors qu’il n’a fait que  son devoir de journaliste

Malgré le soutien de l’opinion publique à travers le monde, Julian Assange est très isolé. Parmi les nombreux journalistes qui ont bénéficié des informations qu’il a révélé, beaucoup essayent d’oublier la situation déplorable dans laquelle il se trouve aujourd’hui.

 

 

 

Liberté pour Julian -ssange

Chip Gibbons

Chip Gibbons

Chips Gibbons

Chips Gibbons

Chip Gibbons est chercheur, écrivain et journaliste pour le magazine Jacobin, In These Times et The Nation. Il est l’auteur du rapport Still Spying on Dissent : L’héritage durable de l’abus du premier amendement du FBI.

Chip Gibbons est fréquemment cité comme expert de l’histoire de la surveillance politique du FBI et de l’impact de la loi sur l’espionnage sur la liberté de la presse.
Chip Gibbons travaille actuellement sur un livre sur l’histoire du FBI explorant la relation entre la surveillance politique intérieure et l’émergence de l’état de sécurité nationale américain. Intitulé The Imperial Bureau, il devrait être publié par Verso en 2024.

Chip Gibbons est le directeur des politiques de Défense des droits et de la dissidence, une organisation fondée par des victimes du Comité des activités non américaines de la Chambre des représentants qui oeuvre à protéger le droit de s’engager dans l’expression politique.

À ce titre, il a conseillé les législateurs de l’État et du gouvernement fédéral sur les implications du premier amendement de la législation en suspens et a publié des articles sur Al Jazeera et BBC World News. Il anime leurs podcasts Primary Sources, en mettant l’accent sur les problèmes rencontrés par les lanceurs d’alerte, Still Spying, qui ont exploré l’histoire du FBI.