Liberté de l’information en France : journalistes sous pression
La liberté de l’Information en France est garantie par la Constitution et la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Pourtant, ces dernières années, plusieurs affaires ont mis en lumière des pressions de plus en plus nombreuses, exercées sur des journalistes. Cette situation soulève de réelles inquiétudes quant à la protection des sources et à l’indépendance des médias dans un pays où 80% des medias sont détenus par 9 milliardaires …
Des enquêtes sensibles sous surveillance
En septembre 2023, Ariane Lavrilleux, journaliste pour Disclose, a été perquisitionnée à son domicile, placée en garde à vue pendant près de 40 heures, et interrogée sur ses sources.
Elle avait révélé l’opération militaire française “Sirli” en Égypte, utilisée par Le Caire pour mener des frappes ciblées contre des civils, avec l’aide de renseignements français. Cette garde à vue, exceptionnelle pour une journaliste, a été perçue comme une attaque directe contre le secret des sources, pourtant protégé par la loi.
En 2019, d’autres journalistes de Disclose, dont Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, ont également été convoqués par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) après avoir publié des documents classifiés sur l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen.
Bien que ces révélations aient eu un fort intérêt public, ils ont été accusés de compromission du secret de la Défense nationale, un chef d’accusation lourd pouvant mener à plusieurs années de prison.
Le cas de Taha Bouhafs, journaliste indépendant et militant, illustre un autre type de pression. Connu pour ses reportages sur les violences policières, il a fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires, souvent sur des bases contestées, et est régulièrement harcelé en ligne, notamment par des groupes d’extrême droite. Ce harcèlement numérique s’est parfois traduit par des menaces, des tentatives de discrédit, voire des campagnes de dénigrement coordonné.
Une liberté en recul
Ces affaires ne sont pas isolées. Elles reflètent une tendance plus large à criminaliser le journalisme d’investigation, en particulier lorsque celui-ci touche à des domaines sensibles comme la sécurité nationale, les forces de l’ordre ou la diplomatie militaire. La France a d’ailleurs été interpellée à plusieurs reprises par des ONG comme Reporters sans frontières (RSF), qui s’inquiètent d’un climat de défiance croissant envers les journalistes.
Si la France reste, en théorie, un pays protecteur de la liberté d’informer, ces exemples récents montrent que les journalistes peuvent être judiciarisés, surveillés ou intimidés dans l’exercice de leur métier. Une situation qui appelle à un renforcement effectif des protections légales et à une vigilance accrue face aux dérives.